Des hommes capturés, exécutés, qu’on aurait écorchés avant de procéder au tannage de leur peau, utilisée pour confectionner des objets ou relier des livres… Le fait est attesté, durant la Révolution. En décembre 1793, près d’Angers, aux Ponts-de-Cé, des milliers de prisonniers vendéens sont tués, selon les témoignages recueillis par les représentants en mission. Quelques-uns citent l’écorchement de 32 hommes sur ordre d’un officier de santé, Pecquel, qui aurait ensuite fait traiter les peaux par un tanneur d’Angers.
Bavure isolée ou bien, comme une légende noire le laisse entendre depuis deux siècles, véritable entreprise d’État ? Des membres du Comité de salut public sont accusés d’avoir installé à Meudon une tannerie de peaux humaines, pour en faire des culottes ou pour relier des exemplaires de la Constitution.
Jean-Clément Martin entreprend ici d’examiner les pièces du dossier, afin de rendre compte des rumeurs, des accusations et des faits, tels qu’ils peuvent être recensés dans les années 1793-1799. Mais au-delà, il inscrit ces éléments dans la perspective plus large de l’histoire de l’écorchement, supplice ou pratique chirurgicale, voire sociale, repérable de l’Antiquité à nos jours.
« En refusant tout amalgame avec d’autres situations au prétexte que des similitudes existent, il montre la difficulté du travail de l’historien pour lutter contre les chimères du passé, relayées par Internet. Mais, et c’est la qualité des bons livres d’offrir des lectures multiples, on peut aussi le prendre comme un essai sur la fascination délétère pour les corps viles et la monstruosité. Une réussite ! »
Laurent Lemire, Livres Hebdo
ISBN : 978-2-36358-055-9
Prix : 16 €
160 pages
Parution mars 2013